«A l’époque, je croyais que je pouvais tout faire en un claquement de doigts comme un magicien devant un spectacle.»
MARS 2023: KOUSSANAR
« Le souvenir qui m’a beaucoup marqué lorsque j’étais enfant, c’est quand ma mère me réveillait à 1h ou 2h du matin pour que je l’aide à transporter des paniers de poissons qu’elle achetait auprès d’un frigo qui venait de Dakar ou de Mbour. Après cela, je transportais les marchandises à l’aide d’une charrette que j’attachais à un âne, de la maison vers le marché à 6h du matin. Ensuite je retournais à la maison et préparais pour aller à l’école. Dès lors, je suis devenu jusque là un lève-tôt qui se couche tard la nuit. »
« Ma mère était la personne la plus importante de ma vie. Je l’aidais toujours dans ses activités, parce qu’elle n’avait pas de fille. Tous ses enfants sont des garçons. C’est à cause d’elle que je n’avais pas le temps de jouer au foot avec mes amis. Je faisais du sport lorsque j’étais enfant mais pas très souvent, et je n’avais pas le temps de regarder des dessins animés à la télé car je consacrais la majeure partie de mon temps à ma mère. Avoir l’habitude de travailler, être autonome des autres et aider à ceux qui sont dans le besoin, c’est l’influence qu’avait ma mère sur moi. Elle m’a toujours confié que l’humilité est une grande vertu.»
« L’année où j’étais en classe de 3e était le moment le plus marquant et difficile de ma vie, car ç’avait coïncidé à l’étape où j’étais adolescent et j’avais perdu ma mère. A l’époque, je croyais que je pouvais tout faire en un claquement de doigts comme un magicien devant un spectacle. Je commençais à faire l’école buissonnière et trouver une moto Jakarta pour faire du taxi. Je n’apprenais plus mes cours. Par conséquent, j’ai été exclu de l’école parce que je n’avais pas de bonnes notes. Malgré cela, j’ai pris conscient avant la fin de l’année et j’avais réussi l’examen pour aller au lycée. Maintenant j’ai eu le baccalauréat en sciences humaines et sociales.»
«Du début de mes études jusqu’au collège, je ne considérais pas qu’étudier était important. Mais après le décès de ma mère, toute ma vie était partie en vrille et les situations avaient changé. Il fallait que je me sacrifie pour changer la donne. J’étais dévoué à relever le défis pas pour moi seul, mais pour mes frères aussi et surtout pour le cadet. Aujourd’hui les études ont une forte influence sur ma personne. J’ose même dire que les études m’ont rendu économe et réaliste avec une bonne ouverture d’esprit.»
«Vivre dans une petite ville comme Koussanar est très compliqué, cela est une remarque de toute sa jeunesse. Mais en toute bonne foi, je crois qu’il y a toujours des choses à faire pour travailler. Car moi-même je me suis inspiré de la société pour créer mon propre business et régler quelques parts de mes soucis financiers. J’ai même fait quelques fois de la maçonnerie durant les grandes vacances scolaires pour acheter mes fournitures, lorsque j’étudiais au lycée de Kounghel. Je n’ai jamais eu l’idée de quitter le Sénégal pour un pays étranger. Toutefois j’avais l’objectif de m’engager dans l’armée pour servir ma patrie. »
«J’ai commencé mon entreprise en vendant des bonbons et des biscuits que j’étalais sur une table que mon ami m’avait prêtée. L’affaire marchait à merveille , et les gens me demandaient du café Touba. C’est de par-là que j’ai appris à préparer ce cocktail. De nos jours, je suis devenu un des plus grands vendeurs de café Touba à Koussanar et ses environs grâce aux marchés hebdomadaires comme celui de Maka, de Dawady et de Sinthiou Malème. Je me servais d’une part de cet argent pour payer mes inscriptions au lycée et aider mes frères.»
«L’importance pour réussir dans la vie, c’est de travailler et oser faire des investissements sur d’autres domaines. Il y a six ans, j’ai commencé à faire du business sur la vente du café Touba ; aujourd’hui j’investis sur l’aviculture. Alors j’ose imaginer que d’ici cinq ans mon entreprise s’élargira sur d’autres domaines et contribuera à la réduction du taux de chômage à Koussanar in sha’Allah. »